En combien de temps meurt une souris empoisonnée : ce qu’il faut savoir pour une dératisation réussie

Vous avez repéré des crottes de souris, des bruits de grattement la nuit ou vos paquets de pâtes ont été grignotés ? Une chose est sûre : un ou plusieurs rongeurs se sont invités chez vous. Vous avez posé des appâts empoisonnés et attendez maintenant le résultat. Mais une question revient souvent : combien de temps met une souris empoisonnée à mourir ? Et surtout, comment savoir si la dératisation fonctionne vraiment ? On va répondre à tout ça ici, sans détour.
Le mode d’action des poisons pour souris : ce qu’il faut comprendre
Avant de parler de délais, il faut comprendre comment fonctionnent les produits anticoagulants (les plus utilisés dans la lutte contre les souris). Ce sont des rodenticides qui ne tuent pas immédiatement. Ils agissent de manière différée, justement pour éviter que les autres souris ne fassent le lien entre la nourriture empoisonnée et la mort de leurs congénères. Car oui, les rongeurs sont méfiants et apprennent vite.
Les anticoagulants provoquent progressivement des hémorragies internes, entraînant la mort de l’animal généralement entre 48 heures et 7 jours après ingestion. La durée dépend :
- de la quantité de poison consommée,
- du type de substance active (bromadiolone, difénacoum, brodifacoum…),
- du métabolisme de la souris,
- et du fait qu’elle ait consommé une dose mortelle en une fois ou sur plusieurs jours.
Contrairement aux idées reçues, une souris ne meurt pas directement après avoir mangé un appât empoisonné. C’est justement voulu : le but est d’éviter l’apparition d’une méfiance générale (phénomène qu’on appelle bait shyness chez les spécialistes).
Empoisonnement : que se passe-t-il pour la souris après ingestion ?
Une fois que la souris a consommé le poison, elle retourne habituellement dans son nid. C’est là, souvent, qu’elle passera ses derniers jours. Durant cette période, elle peut paraître un peu amorphe, désorientée ou moins rapide. Mais la plupart des gens ne remarquent rien de spécial si elles sont bien cachées.
La déshydratation est un symptôme courant au fur et à mesure que les effets du poison s’installent. Certaines souris sortent chercher de l’eau, ce qui explique pourquoi on peut parfois retrouver un corps mort près d’un point d’eau (évier, salle de bain…). D’autres meurent dans les cloisons, derrière un meuble ou dans une vieille boîte à chaussures que vous aviez oubliée dans un placard. Et on ne va pas vous mentir : parfois, vous ne les retrouvez jamais… sauf à l’odeur.
Combien de temps après avoir posé un poison peut-on espérer des résultats ?
En règle générale, un empoisonnement efficace commence à donner des signes de réussite entre 3 à 5 jours après la mise en place des appâts. Toutefois, nous recommandons d’attendre au moins 10 à 15 jours pour faire un premier bilan complet.
Voici ce que vous pouvez surveiller dans les jours qui suivent :
- Baisse d’activité nocturne : Moins de bruits de grattage ou de petits pas dans les murs.
- Non-renouvellement des crottes : Si vous nettoyez une zone et qu’aucune crotte n’y revient, c’est bon signe.
- Appâts consommés : Un bon indicateur, mais attention : si les appâts sont mangés mais l’activité continue, revoyez votre stratégie (quantité insuffisante, mauvais emplacement, poison résistant ?).
Si après 2 semaines, vous constatez toujours une activité importante, il se peut que :
- la colonie soit plus large que prévue,
- les points d’entrée ne soient pas identifiés (donc de nouvelles souris entrent en continu),
- les appâts ne soient pas attrayants ou mal positionnés,
- vous soyez face à des individus ayant développé une résistance aux anticoagulants classiques.
Petit rappel : les risques de laisser faire la nature
Vous vous dites peut-être : « Bon, elles vont mourir naturellement, j’attends. » Mauvaise idée ! Une souris morte dans une cloison, ça pue. Une vraie infection olfactive, surtout en été. L’odeur peut durer plusieurs jours, voire semaines, et attirer insectes et autres nuisibles nécrophages comme les asticots ou les mouches à viande.
Et puis, chaque jour passé avec une colonie de souris non maîtrisée, c’est une journée de plus où :
- elles détériorent votre isolation, vos câbles, vos meubles,
- elles souillent vos denrées (elles urinent et défèquent partout),
- elles peuvent contaminer vos surfaces avec des agents pathogènes (salmonelles, leptospirose, etc.).
Alors non, patienter sans rien faire, ce n’est pas une solution.
Et les autres types de poison alors ?
Certains poisons agissent plus vite. Les produits à base d’alpha-chloralose par exemple provoquent une hypothermie fatale en quelques heures, mais ils ne sont efficaces que dans certains contextes (usage souvent réglementé, particulièrement en intérieur, et uniquement par temps froid).
Mais attention : ces solutions express sont aussi plus risquées pour les animaux domestiques et peuvent poser des problèmes éthiques ou environnementaux. Raison de plus pour faire appel à un professionnel si vous n’êtes pas sûr de ce que vous utilisez.
Comment optimiser l’efficacité de votre dératisation ?
Un poison seul ne suffit pas toujours pour éradiquer un problème de souris. Pour maximiser les résultats :
- Bouchez les accès : Utilisez de la mousse expansive, du grillage à mailles fines, du ciment. Une souris passe dans un trou de la taille d’une pièce de 10 centimes.
- Dissimulez les sources de nourriture : Les rongeurs sont opportunistes. Si vos placards sont mal fermés, ils bouderont le poison.
- Positionnez bien les appâts : Contre les murs, dans les zones sombres et calmes, là où vous avez repéré leur passage.
- Utilisez des boîtes sécurisées : Pour éviter tout contact avec des enfants ou animaux domestiques.
- Changez les appâts s’ils ne sont pas consommés au bout de quelques jours : Peut-être qu’un autre type de nourriture (parfum ou forme différente) attirera plus.
Et surtout : multipliez les pièges ou les points d’appâtage si vous avez plusieurs zones suspectes. Une erreur fréquente est de penser que 2 appâts suffisent pour un appartement de 80 m². Mauvais calcul. Les souris sont très mobiles mais restent dans des zones où elles se sentent en sécurité.
Est-ce que les souris souffrent ? Faut-il préférer d’autres méthodes ?
On me pose la question plus qu’on ne pourrait le croire. Il est légitime de se poser la question éthique. La vérité, c’est que la mort par empoisonnement n’est pas la plus douce. Ni la plus propre. Si l’impact émotionnel ou le souci du bien-être animal vous préoccupe, pensez aux pièges mécaniques (tapettes classiques ou pièges à capture vivante).
Mais attention, capturer une souris vivante sans la relâcher à plusieurs kilomètres revient juste à la réinstaller chez le voisin. Et parfois, même relâchée loin, elle ne survit pas longtemps. Bref, le choix d’une méthode dépend toujours du contexte, du niveau d’infestation, et de vos priorités (efficacité, éthique, sécurité).
Et si le poison ne suffit pas ?
Parfois, malgré tous vos efforts, le problème persiste. Vous entendez encore des bruits, repérez de nouvelles crottes, ou les appâts restent intacts. Il est alors peut-être temps de passer à la vitesse supérieure : celle d’un professionnel de la dératisation.
Parce qu’un expert, un vrai, saura :
- identifier avec précision les foyers d’infestation,
- choisir le bon type de produits selon les conditions sur place,
- poser les appâts dans les zones les plus stratégiques,
- et surtout, repérer les points d’entrée que vous auriez pu négliger.
Et croyez-moi, après avoir mené des dizaines de chantiers à Paris et en Île-de-France, je peux vous dire qu’il y a rarement un seul coupable. Si vous avez des souris, vous avez probablement un ou plusieurs points d’accès, des sources de nourriture facilement accessibles, et une structure (garage, cave, isolation) qui leur offre un vrai petit palace à rongeurs.
Ne laissez pas le temps jouer contre vous. Oui, le poison est une arme efficace — à condition de bien l’utiliser. Et si vous avez un doute, faites appel à un dératiseur pro. Parce que quand il s’agit d’empêcher les nuisibles de faire la fête chez vous, l’improvisation n’a pas sa place.